Not About Everything

En 2007, à New York, peu de temps avant qu’il ne s’installe à Bruxelles, Daniel Linehan crée Not About Everything, une pièce qui lui assurera une reconnaissance internationale.

À travers ce solo intemporel, Linehan s’interroge sur l’essence même de la création et sur son sens d’un point de vue contemporain :

J’ai créé Not About Everything lorsque j’étais encore jeune, dans un monde d’infobésité. J’étais à la recherche d’une réponse à la question qu’on ne cessait de me poser : « En quoi consiste ton travail ? ». Chaque tentative de réponse à cette question me semblait n’être autre chose qu’une limitation. Les pièces que j’avais créées jusqu’alors abordaient un million de sujets, parfois en l’espace de dix minutes. Et je me posais la question: mais en fait, de quoi est-ce que je veux parler ?

Ma réponse est une danse. Une danse qui commence par des mots. Et la cadence des phrases déclenche une boucle de mouvements circulaires. Une dance qui pose des questions. Quelle est la valeur d’une performance et quel est son impact, sur moi-même, sur le public et sur le monde, en dehors de l’espace du théâtre ? Les réponses à ces questions trouvent leur chemin à travers mon corps et s’expriment en mouvement et en son. Dans chacune de mes créations, le son joue un rôle crucial. Les cordes vocales ont une place aussi importante que tous les autres muscles du corps et la danse se poursuit à travers les mots qui, à leur tour, évoquent de nouveaux mouvements.

Permettre des associations illimitées, laisser le mouvement conduire au son qui culmine à nouveau dans la danse, et parvenir à un noyau dans cette multiplicité, est un processus qui se retrouve dans toutes mes créations. Tout ce qui croise mon chemin m’influence et se manifeste dans la danse. L’inspiration et les impulsions proviennent de différentes dimensions dans l’espace et le temps, mais la danse ramène tout au présent. Et ce paradoxe est symptomatique de ma propre nature.

Dans Not About Everything, je démantèle l’espace avec mon corps, couche par couche, de l’extérieur vers l’intérieur. Je tourne dans l’ici et maintenant, au sein d’un monde complexe et hyperactif, au rythme de phrases et de mouvements aux tempos variables. Le cycle entier est un processus de lâcher prise, jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un noyau. L’œuvre peut également être considérée comme une réaction à la multiplicité et à l’impératif de l’actualité, des opinions et du matraquage médiatique. Elle renferme l’énergie de la résistance.

Eva Faché

Eva Faché

Eva Faché

Eva Faché